l’école
de Buzet-sur-Baïse
Le groupe scolaire René Dupouy
Buzet a connu plusieurs lieux pour son école : sous la mairie les garçons, à côté de l’église, les filles, et la commune a même abrité pendant plus d’un demi-siècle une école privée (ses partisans l’appelaient « école libre ») de filles, à la sortie du village au lieu-dit Le Bournion. Elle avait été construite grâce à la générosité des propriétaires du domaine de Gache, M. et Mme Gayraud et elle était tenue par des religieuses.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, pour faire face à l’augmentation du nombre d’enfants à scolariser et alors que l’école privée avait cessé son activité, la municipalité issue de la Résistance décida de reprendre un projet qui murissait depuis les années 1930 : construire un groupe scolaire moderne, selon les normes en vigueur à l’époque. Il n’y avait pas de terrain disponible au cœur du village et on obtint de l’État l’acquisition par expropriation d’une très vaste propriété au pied du château qui était sous séquestre, car la famille à qui elle appartenait (comme le château et d’autres domaines) était soupçonnée de collaboration. La cession a lieu après deux ans de procédure, en 1951.
C’est donc sur le site de Lasplaces que la construction du groupe scolaire a débuté en 1952 et il fut inauguré pour la rentrée de septembre 1954, en présence de nombreuses personnalités dont Henri Caillavet, député de Lot-et-Garonne et Secrétaire-d’État dans le gouvernement Mendès-France.
Vue aérienne du château de Buzet avec le chantier de construction de l’école sur la droite
Vue aérienne du château de Buzet avec l’école achevée sur la droite
Le groupe scolaire nouvellement construit
Inauguration du groupe scolaire en 1954
Un décret de novembre 1949 donne la possibilité de réserver 1 % des dépenses engagées pour la décoration. Les architectes, Payen et Serrat, l’entrepreneur ainsi que la municipalité portent leur choix sur un panneau décoratif en terre réfractaire émaillée, technique très rarement utilisée dans la région. On fait appel à Félix Oudin, céramiste parisien, qui va réaliser un panneau monumental (7 m sur 3 m) avec comme consigne du maire, René Dupouy, de représenter les métiers locaux et les productions locales. La céramique (que les habitants et écoliers vont appeler « la fresque ») comporte également un certain nombre de sentences moralisantes en langue occitane comme par exemple « Coume amenaras que recoultaras » (comme tu sèmes, tu récolteras) ou « D’apres lou frut jutjen un aubre » (c’est au fruit qu’on juge l’arbre).
On retrouve bien sûr le travail de la vigne, une péniche du canal (« Gascogne »), l’usine de crayons Franbel (à côté sont représentés une série de 8 crayons de couleur)… curieusement on y découvre un paquebot (« Languedoc »), peut-être pour rappeler que la canal se poursuit à Toulouse par le canal du midi et rejoint la Méditerranée ?
Henri Callaivet et René Dupouy admirant le panneau décoratif
Le panneau décoratif et le travail de la vigne