l’histoire du blason
de Buzet-sur-Baïse
Histoire d’armoiries
Beaucoup de communes possèdent soit des armoiries, soit un logo mais ce sont souvent des créations récentes ou ne s’appuyant pas forcément sur des traditions ou des sources historiques solides.
Si les grandes villes ont souvent des armoiries très anciennes, c’est une création bien plus récente pour les communes de taille plus modeste et beaucoup n’en ont jamais eu, ce qui n’est pas le cas de Buzet qui fait partie des rares communes de cette taille à posséder des armoiries dont les origines remontent à plusieurs siècles. Sans en faire une généralité, les petites communes qui arborent des armoiries complexes trahissent souvent une création récente, ce qui n’a rien de péjoratif. À l’inverse, des armoiries très sobres traduisent souvent une création ancienne, c’est le cas de Buzet ou de notre voisine Damazan.
Armoirie ou blason ?
Il est fréquent de confondre armoiries et blason : le blason est en fait la description des armoiries (on dit blasonner), la science héraldique est l’art des blasons. Il est toutefois désormais courant d’employer le mot « blason » pour armoiries.
C’est le 28 novembre 1696, qu’un édit du roi Louis XIV créait un office d’enregistrement des armoiries. La noblesse pensait que cela endiguerait enfin les usurpations roturières, les autorités royales avaient en réalité d’autres préoccupations : les guerres avaient ruiné les finances de l’Etat et c’était un bon moyen de faire rentrer des fonds : l’enregistrement devait être payant (50 livres soit l’équivalent de plusieurs mois de travail pour un brassier ou le prix d’un attelage de bœufs) et obligatoire. En outre, pour pouvoir rémunérer le nombreux personnel engagé pour s’acquitter de la tâche, on précisa que les roturiers pouvaient se faire enregistrer et on invita même ceux qui n’avaient pas d’armoiries à s’en procurer. Une nouvelle taxe venait de naître.
Charles d’Hozier, gardien de l’office de maîtrise générale, envoya à cet effet des ordres bien précis dans les provinces afin que les intendants dénichent tous les détenteurs d’armoiries et les invitent fermement à se soumettre à l’enregistrement, mais aussi pour qu’ils suscitent des créations. Une amende de 300 livres devait être infligée à tous ceux qui ne se mettraient pas en règle. Monseigneur Bazin de Bezons, intendant de la généralité de Bordeaux fut rapide et redoutablement efficace.
Dans la mesure où Buzet dépendait de la sénéchaussée de Condom, c’est donc au responsable du bureau de l’enregistrement de cette ville, le sieur Sauvat, que les consuls répondirent, le 3 février 1697 : «On marquera humblement à monseigneur l’intendant qu’après avoir convoqué les officiers de justice et principaux habitants de cette juridiction de Buzet, on a admis d’un commun accord qu’il n’y avait que le seigneur qui eût des armoiries, que d’autres personnes n’ont droit d’en avoir, que la communauté n’en a jamais eu ni n’en prétend avoir non plus que les particuliers. » Peine perdue !
Le blason d’origine
Le blason moderne
Buzet contrainte d’adopter des armoiries
Comme bon nombre d’autres villes et villages, la petite communauté va se voir contrainte d’adopter des armoiries. L’année suivante, Buzet « en Guyenne » figure dans l’armorial général d’Hozier avec cette description : « palé, contre-palé d’or et de gueules ». Buzet en Languedoc (le futur Buzet-sur-Tarn) dénommé à l’époque « La communauté des habitants du lieu de Buzet » avait des armoiries blasonnées en bandes verticales alternativement argent et vert : « palé d’argent et de sinople en sept pièces ».
Derrière ces termes héraldiques, toujours plus ou moins chargés d’un certain mystère, figurent les armoiries relativement simples avec des bandes verticales rouges et or en décalé sur deux parties et qui ont été récemment rehaussées par une couronne de remparts, à l’image des bastides ou villes de plus grande importance et agrémenté de feuilles de vigne et de grappes de raisins qui confortent notre identité de village de vignerons !
Au total il n’y eut que 934 villes et 2171 villages qui furent ainsi enregistrés et donc taxés mais également 116944 personnes, dont environ 80000 non-nobles. Les familles de la noblesse la plus ancienne ont considéré qu’elles étaient au-dessus de ces formalités car leurs armoiries étaient déjà connues et enregistrées et elles furent nombreuses à refuser la procédure. La famille royale et les princes du sang furent toutefois priés de montrer l’exemple. À l’inverse, la petite noblesse accepta de bonne grâce et surtout, de nombreux bourgeois ou membres du bas clergé en profitèrent pour asseoir leur notoriété ou se donner des airs de noblesse. En voici quelques exemples recensés dans les environs de Buzet : le curé de Damazan, Ivan Parnillac, adopta les armoiries suivantes : « d’azur à trois étoiles d’argent ». Jean La Coste, le procureur du roi de la juridiction royale de Damazan en profita pour faire enregistrer des armoiries presque identiques à celles de la ville : « de gueules à la croix ancrée d’argent » et comme le curé de Damazan, celui de Buzet, Louis Rebel, a cédé à l’envie d’adopter des armoiries mais celles-ci sont dotées d’un blasonnement assez complexe : « D’azur au chevron d’or accompagné de trois molettes d’argent et au chef d’or chargé de trois autres molettes de sable » !
Le grand enregistrement de l’Armorial général de France rapporta finalement aux alentours de 6 millions de livres au trésor royal (une somme importante car le budget annuel de l’État est d’environ 100 millions de livres à cette époque). Voici comment, il y a trois cent ans, naquirent les armoiries d’un petit bourg gascon !
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